Ils y auront cru quelques heures seulement. L'équipe Américaine a été largement battu 11 à 3 par une équipe Européenne qui leur a été en tout point supérieure dans le chaudron de l'Alexandra Palace de Londres..
Dès le premier jour, la Team USA a senti que la marche allait être très très haute : 4 matchs, 4 défaites ! Une première en 5 ans pour l'équipe Américaine. Et leur souffrance n'en était qu'à ses débuts.
Emmené par un duo implacable Jayson Shaw/Joshua Filler, la Team Europe a surclassé les Américains jour après jour. Mieux affutés, plus justes dans leurs shoots, plus chanceux aussi parfois, les Européens ont déroulé leur jeu et dominé leurs adversaires de bout en bout. Il aura fallu attendre le 7e match lors du jour 2 pour que l'équipe emmenée par Jeremy Jones marque son premier point (et encore, avec difficulté).
Mené 9-2 à la fin du jour 3, il semblait bien difficile aux partenaires de Shane Van Boening et Fedor Gorst de rattraper leur retard, sous le regard goguenard d'un Jayson Shaw, jamais en retard d'un troll, et d'une salle toute acquise à la cause des bleus et or.
Malgré un bon match en ouverture du jour 4 contre sa bête noire Joshua Filler (battu 5-2), l'américain Shane Van Boening n'aura finalement fait que retarder l'inéluctable. Pour l'emporter, la Team USA devait gagner ... 9 matchs le même jour ! Mission impossible : dès le match suivant, la paire Filler Ouschan surpassait Styer et Woodward, laissant alors le pauvre Shane Wolford avec un enjeu trop important sur les épaules. Malgré une belle résistance, il s'incline finalement 5-4 devant un David Alcaide ému de donner ainsi la victoire à son équipe.
Annoncé un temps comme le sauveur après son recrutement controversé, la présence du russe (mais en cours de naturalisation) Fedor Gorst n'aura pas suffi à renverser la vapeur. Membre de la team Europe lors de l'édition précédente et longtemps n°2 dans la tier-list du capitaine de l'équipe Européenne, Ralph Eckert, Gorst avait choisi, à la surprise générale, de rejoindre la team USA pour cette édition, faisant de lui la tête de turc officielle des trolls en chef, Jayson Shaw et Joshua Filler. Emprunté et hésitant le premier jour, il aura pourtant beaucoup donné pour rehausser le niveau de ses partenaires, dont l'étonnant Shane Wolford, le rookie de l'édition. Ce dernier n'aura pas démérité, en particulier lors cet acharné dernier match (son premier en solo dans cette édition) où il montra de belles choses.
Après cette défaite historique (et qui aurait pu être bien plus humiliante), le constat est sans appel : les États-Unis n'arrivent plus à aligner 5 joueurs de classe internationale en Mosconi Cup. À l'exception d'un bien tardif sursaut le 4e jour contre Joshua Filler, la star nationale et légende vivante du sport Shane Van Boening a été une fois de plus l'ombre de lui-même lors de la Mosconi Cup, une compétition dans laquelle il n'a jamais brillé avec seulement 3 victoires malgré 16 participations. Skyler Woodward, pourtant le véritable pilier pour cette équipe lors des cinq dernières éditions, a souvent bafouillé son billard. Quand au capitaine Jeremy Jones, il devra sans doute laisser la place à un autre lors de la prochaine édition tant ses choix sportifs auront laissé les observateurs dubitatifs.
Du côté des vainqueurs, la victoire est méritée ou du moins logique, même si on garde l'impression tenace que les Européens n'ont jamais vraiment été en difficulté. Les coéquipiers de Francisco Sanchez Ruiz ont globalement surclassé leurs homologues d'outre-Atlantique. Et malgré quelques ratés, ils ont infligé quelques whitewashing à leurs adversaires : Joshua Filler battant sans appel 5-0 Skyler Woodward, Albin Ouschan écrasant 5-0 un Tyler Styer particulièrement malchanceux ou Skyler Woodward sauvant tout juste l'honneur contre Jayson Shaw pour un 5-1 qui sentait le 5-0 à plein nez. À aucun moment, les joueurs Européens n'ont semblé douter ou n'ont donné l'impression qu'ils se sentaient menacés, à tel point qu'on avait parfois la sensation d'assister à une exhibition, rappelant les premières Mosconi Cup, quand des légendes du snooker comme Steve Davis ou Jimmy White venaient compléter les rangs clairsemés des équipes Européennes, sans vraiment prendre la compétition au sérieux.
La domination Européenne a semblé si évidente que j'en suis même arrivé à me demander si Matchroom n'avait pas "suggéré" aux Européens de lever un peu le pied pour éviter d'infliger un humiliant 11-0 aux Américains en à peine deux jours et demi. Cela aurait laissé Matchroom dans une situation délicate vis à vis du diffuseur britannique SkySport, à qui un duel au sommet avait été promis pour le quatrième et dernier jour de la compétition. La question est d'autant plus pertinente quand on pense que l'annulation surprise du dernier match des jours 2 et 3 a permis mathématiquement à l'équipe Américaine de disputer encore des matchs le jour 4.
La Mosconi Cup reste donc européenne cette année encore. Cette 30e édition est d'ailleurs l'occasion de rappeler que depuis 1994, les États-Unis ont gagné 13 fois contre 16 pour l'Europe. Ce bilan, équilibré en apparence, souligne pourtant la domination sans partage de l'Europe depuis 2007, avec 13 victoires sur 16 éditions, et la complète déshérence du pool aux États-Unis depuis le milieu des années 2000 ! Il va devenir difficile pour Matchroom de continuer à promouvoir la Mosconi Cup en l'état si l'une des deux équipes ne se montre plus assez compétitive. L'annonce à demi-mot d'une future Reyes Cup, opposant l'Asie au vainqueur de la Mosconi Cup ou opposant l'Asie à l'Europe (en excluant purement et simplement les États-Unis) pourrait redonner de l'air à l'organisateur britannique.
Retrouvez l'ensemble des résultats de la Mosconi Cup 2023 sur Matchroom Pool
Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.
Laisser un Commentaire: